Je suis Markenrey, j’ai 28 ans, je suis banquier. Cinq ans après avoir fini tes études universitaires, tu travailles, tu devrais être capable de voir les fruits de ton travail… Ce que l’on pensait jeune et la réalité du pays, ce sont deux choses totalement opposées. La réalité en Haïti, ce n’est pas l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Tu restes impuissant face à une situation où l’on détruit de vrais professionnels. Tu peux mourir noyé dans tes frustrations... Il n’est pas normal en tant que professionnel de ne pas pouvoir s’offrir des choses que l’on désire. Ça arrive souvent, qu’un confrère quitte le pays et en moins de deux ans, il s’offre la voiture dont il rêvait. Il est normal que tu ne puisses pas t’offrir une voiture de luxe, tu es dans un pays pauvre. Mais il est inacceptable de ne pas pouvoir s’offrir le strict minimum en tant que professionnel. Le pays quelque part, il te paralyse. En tant que professionnel, tu es dans une lutte perpétuelle mais le pire est que parfois tu ne sais pas contre quoi tu te bats... En Haiti on vit au jour le jour, quand tu finis la journée tu remercies Dieu. Je projette d’aller prendre un certain équilibre dans un autre pays. Depuis ma tendre enfance, on dit toujours que le pays va de mal en pis, mais pas un jour de ma vie je n’ai été conscient d’un ralentissement de cette sorte vers l’abîme.