Autoportrait Georges Harry Rouzier

Georges Harry Rouzier, Série « Être le mauvais reflet d'un soi rêvé », Haïti, Mai 2020. « Être apte à avoir une famille ».

Être apte à avoir une famille

Avant le coronavirus, nous avions décidé de faire un mariage extra. Ce n’est plus le cas. Louer une maison en Haïti n’est pas chose facile ; actuellement c’est ce qui me préoccupe le plus et non le mariage. Le domaine immobilier en Haïti, c’est comme un vol organisé. On paie en dollars et 1 dollar USD vaut 105 ou 106 gourdes. Cette histoire de dollar n’est pas bénéfique pour nous en Haïti, surtout au niveau immobilier. Sans mentir, si mon fiancé trouve le moyen de faire un mariage arrangé pour laisser le pays, je l’encouragerai car je ne vois pas d’avenir pour nous ici. Travailler au sein d’une entreprise privée en Haïti c’est comme détruire sa vie, sans vous cacher que si je trouve l’opportunité d’intégrer une institution étatique et piller comme tous les autres le font, je le ferai sans gêne car ils vous mettent dans l’obligation de le faire. [SIC]. Le pays détruit la vie des jeunes. Qu’est ce que je peux citer comme réalisation ? Tu travailles, tu te maries, tu enfantes, tu achètes une voiture d’occasion et puis c’est tout, voilà la réalisation. C’est çà la réalisation d’une vie de travail? Tu passes ta vie entière à travailler dur pour t’efforcer d’avoir de la nourriture chez toi, c’est ce qui m’énerve le plus, juste pour t’efforcer d’avoir de la nourriture.

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