Autoportrait Georges Harry Rouzier

Georges Harry Rouzier, Série « Être le mauvais reflet d'un soi rêvé », Haïti, Mai 2020. « Être en classe terminale ».

Être en classe terminale

Je suis Jeff, lycéen et je suis en NC4 (nouveau secondaire 4). J’aurais voulu terminer mes études classiques cette année et entrer à l’université mais vu la situation du pays, le phénomène de « pays lock », maintenant une pandémie qui touche le monde et Haïti évidemment, que puis-je faire ? Aller dans une école professionnelle pour me débrouiller après? Je prends de l’âge...

Cette année, on a perdu énormément de temps, on n’arrive pas à boucler le programme scolaire. On a appris environ 30% de ce qu’on devrait apprendre, on essaie de se rattraper sur whatsapp en échangeant des informations utiles pour essayer d’apprendre le plus possible. Je ne peux pas dire qu’Haïti n’offre pas grand-chose aux jeunes mais nous les jeunes, nous devons faire d’énormes sacrifices. Il y a des avantages qu’on n’a pas en vivant dans un pays sous développé. Si j’étais dans un autre pays, j’aurais été plus confortable, plus à l’aise. J’ai des amis qui ont quitté le pays assez jeunes et me disent qu’ils n’ont pas encore l’intention de revenir en Haïti. En dépit du fait qu’ils sont encore à l’école, ils arrivent à trouver des petits boulots et à subvenir à certains besoins. J’ai très envie de quitter Haïti mais on ne peut pas partir comme ça, il faut une destination et un plan. À mon âge, je devrais pouvoir créer quelque chose et entamer certaines activités.

On ne peut pas se décourager parce que c’est aussi ça la vie, on peut souffrir aujourd’hui mais on ne sait pas ce que demain nous réserve. Les gens ne doivent pas se décourager, moi non plus je ne vais pas me décourager, ainsi va la vie.

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