Je suis Jonathan, j’ai 32 ans, je suis ingénieur. J’ai une cousine qui a été kidnappée et le commissaire de la DCPJ qui est responsable de ces cas m’avait choisi pour faire la négociation. Ce qui m’a le plus dérangé dans cette expérience, c’est la dernière phrase que les ravisseurs m’ont répondu quand j’ai demandé comment je saurais si elle est vivante ou pas. Il a utilisé la phrase du président que tout le monde a repris en moquerie : « Qu’elle soit vivante ou pas, est-ce que ça dérange ? ». Moi personnellement, on avait déjà essayé de me kidnapper. Lorsque le monsieur a pointé son arme sur moi en me disant de monter dans sa voiture, je lui ai dit que non, qu’il allait falloir qu’il me tue sur place. Malgré moi, j’ai pas mal de préjugés. Si je vois un homme quelque part avec les cheveux tressés, une cigarette à la bouche et mal habillé, automatiquement je l’associe à un groupe bien déterminé. C’est bien malheureux car ça ne définit pas un kidnappeur. Tu travailles dur et du jour au lendemain tu te retrouves dans la situation de faire des prêts pour sauver la vie de quelqu’un qui est important pour toi.
Pas mal d’autres choses, tel que le manque de justice, m’empêchent de me projeter beaucoup plus loin dans cette société. C’est d’autant plus malheureux qu’il y a 4 ou 5 ans de cela, mon rêve c’était de m’armer de toutes mes forces pour lutter dans mon pays. Je crois fondamentalement dans la bonté de tout un chacun. Je suis une cible de part ma réussite, je ne vais pas le nier mais en même temps je ne peux pas me permettre que cela m’affecte. Je ne veux pas m’apitoyer ni avoir peur et continue à faire beaucoup de bien autour de moi, ce qui a selon moi des résultats positifs. Que ce soit la personne qui travaille chez toi : considère la comme ton égal, cela amènera à des changements positifs dans la société. Si tout le monde faisait sa part de boulot, cela pourrait aboutir à un changement.