Autoportrait Georges Harry Rouzier

Georges Harry Rouzier, Série « Être le mauvais reflet d'un soi rêvé », Haïti, Mai 2020. « Être de la diaspora ».

Être de la diaspora

Je suis Monalissa, j’ai 28 ans, je suis boursière à Taïwan. Actuellement je fais une maîtrise en business administration, je suis en dernière année et ma graduation est prévue pour juin 2020. Là maintenant, la suite me parait assez floue. J’étais seulement censée passer 3 ans ici, avoir mon diplôme et retourner dans mon pays mais maintenant il y a plusieurs aspects qui m’ont influencé et me rendent indécise. Je n’arrive toujours pas à prendre une décision définitive. Après trois ans je me suis habituée au train de vie de Taiwan. Est-ce que je saurai me réadapter à la situation précaire d’Haïti ? Cette dernière suscite beaucoup de frustrations. Parfois, si j’ai une présentation à faire, entre ce que je dis et ce que les gens entendent aux infos, il existe un fossé, ce qui au final peut créer un doute chez les autres sur ce que je dis. Je suis une jeune qui aimerait s’épanouir professionnellement dans son pays. J’avais l’opportunité de trouver un stage dans l’une des entreprises qui est assez influente dans le domaine technologique à Taiwan. Pourquoi je ne peux pas offrir ces services dans mon pays ? Mais est-ce qu’il y a des instances appropriées et disponibles pour recevoir les dossiers des étudiants finissants, qui connaitraient tous les ans exactement les différentes ressources et compétences que le pays devra recevoir afin de bien les canaliser et les intégrer dans le système haïtien ? Quand j’entends ce qui se passe dans mon pays, je suis frustrée. J’ai peur.

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